Avec les techniques d’assistance médicale à la procréation, les grossesses gémellaires sont en forte augmentation. Les mères concernées bénéficient d’un suivi très rapproché et les risques de grande prématurité sont beaucoup moins élevés que par le passé.
La révélation de l’échographie L’échographie est réalisée systématiquement à partir de la 12ème semaine d’aménorrhée, la grossesse se calculant à partir du premier jour des dernières règles. A ce stade, elle permet de diagnostiquer une grossesse gémellaire dans 100% des cas (1). Mais on peut déjà visualiser deux sacs gestationnels dès la 5ème semaine et observer deux embryons et deux cœurs qui battent dès la 7ème semaine.
Bien choisir sa maternité Les risques de prématurité sont nettement plus élevés avec des jumeaux : la durée moyenne des grossesses gémellaires est de 37 semaines d’aménorrhée : ce qui veut dire que la moitié des jumeaux naissent vers le huitième mois (2). Mais à ce stade, cette prématurité n’est pas considérée comme grave.
En revanche, pour des bébés qui naissent entre la 33ème et 35ème semaine, si la mère a accouché dans une maternité de niveau I, ils seront transférés dans une maternité de niveau II pour des soins en unité de néonatalogie. Si les enfants sont nés à moins de 33 semaines, dans une maternité de niveau III. A ce stade, ils doivent être suivis par une unité de réanimation néonatale spécialisée dans la grande prématurité : ils souffrent souvent de détresse respiratoire, ont des difficultés pour se nourrir ou pourraient souffrir d’une infection étant très fragiles sur le plan immunitaire.
Un suivi de grossesse très rapproché Pour les grossesses uniques, il y a au minimum sept consultations obligatoires et trois échographies, avec un rendez-vous mensuel dès le deuxième trimestre. Au-delà, il n’y a pas de codification comme pour les grossesses gémellaires : le suivi varie d’une maternité à l’autre et d’une femme à l’autre. Les grossesses multiples nécessitent généralement davantage d’échographies, environ une par mois, pour mesurer la croissance de chaque enfant et un suivi beaucoup plus rapproché. Un suivi à domicile par une sage-femme une fois par semaine peut être préconisé à partir de la 20ème semaine d’aménorrhée, dans le courant du cinquième mois (1).
Du repos Avec le volume des bébés, dès le sixième mois de grossesse, la future maman aura la même allure qu’une femme sur le point d’accoucher et son médecin lui conseillera le repos. Le congé de maternité est de toute manière plus long : la durée totale des congés pour une grossesse gémellaire est de 34 semaines et de 46 semaines pour une grossesse de triplés ou plus. Mais les arrêts de travail suite à des contractions peuvent être prescrits dès le quatrième mois de grossesse.
Se faire aider dès la grossesse Les futures mères de jumeaux ont parfois besoin d’un soutien psychologique. La grossesse peut être moins bien vécue, du fait à la fois de troubles physiologiques accentués (maux de dos, problèmes de circulation…) et d’une prise de poids très rapide. Il s’agit également de prévenir les dépressions post-natales qui sont trois fois plus élevées dans le cas de grossesses gémellaires (3).
Des groupes de paroles dédiés existent dans certaines maternités. A Port-Royal (Paris), maternité de niveau III, des réunions sont organisées pour les parents concernés avec les médecins, un psychologue et des représentants d’associations qui proposent une aide matérielle par des réseaux d’achats groupés, des prêts, de la location de matériel de puériculture.
A défaut, la fédération "Jumeaux et plus" est présente dans chaque Département pour accompagner les futurs parents : http://www.jumeaux-et-plus.fr
(1) "Le guide des jumeaux", éditions Odile Jacob.
(2) "Attendre et élever des jumeaux", Séverine Delaville, éditions Studyparents.
(3) Interview d’Elise Charlemaine, psychologue à Port-Royal.
INTERVIEW ELISE CHARLEMAINE
Pourquoi les grossesses multiples sont-elles plus difficiles à vivre sur le plan psychologique ?
La mort in utero est plus élevée dans les grossesses multiples. Les femmes qui attendent des triplés peuvent être confrontées, au premier trimestre de la grossesse, à la décision de pratiquer une réduction embryonnaire : pour des raisons médicales, parfois psychologiques, la vie d’un des embryons est interrompue. Au deuxième trimestre, elles peuvent également, dans certains cas heureusement rares, avoir à décider de pratiquer une interruption sélective de grossesse, si l’un des deux fœtus présente, par exemple, une maladie chromosomique grave. D’un point de vue psychologique, même en dehors d’une pathologie organique, ce sont des grossesses éprouvantes. Le risque de dépression après l’accouchement est trois fois plus élevé pour les mères de jumeaux que pour celles d’enfants nés uniques.